Athlétisme aux JO 2024 : Thibaut Collet, le double héritier du saut à la perche tricolore

L’ancienne halle de tennis ressemble à un vieil hangar à avions. Mais au lieu d’abriter des coucous brinquebalants, elle accueille une piste d’élan, un sautoir et un stock impressionnant de perches. Cette installation surannée, située dans la commune iséroise de Montbonnot-Saint-Martin, est le domaine de Thibaut Collet. Elle lui a permis d’éviter le vent – ennemi des perchistes – qui souffle en ce début avril, malgré un soleil printanier. L’athlète vient de réaliser une séance intense, une trentaine de sauts, d’une « moyenne haute en matière de qualité », selon son père et entraîneur Philippe Collet, ancien recordman de France de la discipline.
Samedi 3 août, le Français de 25 ans s’attaque aux qualifications pour la finale du tournoi olympique de saut à la perche. Thibaut Collet dispute à Paris ses premiers Jeux, mais il sait qu’il a déjà changé de statut depuis qu’il a franchi 5,90 mètres aux Mondiaux de Budapest en 2023, terminant 5e de l’épreuve. Une progression qui s’est poursuivie cet hiver avec une barre à 5,92 mètres, lors du meeting All-Star Perche, organisé par Renaud Lavillenie, 37 ans, à Clermont-Ferrand, le 22 février.
Ce jour-là, l’Isérois avait fait « chialer » d’émotion son compatriote, avant d’échouer d’un rien à 6,02 mètres. « C’était important de confirmer, explique-t-il. Je peux atteindre des barres qui peuvent se convertir en médailles en grands championnats. »
Aussi tranquille que déterminé, le jeune homme doit composer avec un double héritage : celui de son père et celui de Renaud Lavillenie, dont il incarne la relève en France et avec lequel il partage des entraînements, sous la houlette de l’ex-perchiste Philippe d’Encausse, à Clermont-Ferrand, quand il n’est pas dans son fief isérois.
Thibaut Collet est désormais un perchiste qui compte, encore plus depuis qu’il a franchi 5,95 mètres, le 19 juin, chez lui à Grenoble, à un mois et demi des Jeux et seulement quelques jours après sa 5ᵉ place des championnats d’Europe à Rome. Avant cela, comme il le disait avec humour, il n’avait toujours pas « le record des toilettes ».
Entendez par là que son paternel détenait la référence familiale, grâce à un saut à 5,94 mètres, réalisé le 10 mars 1990. A Grenoble, après sa performance, Thibaut a taquiné Philippe : « Papa, maintenant, c’est moi le boss ! » Le voilà libéré d’une antienne, que tout le monde ne cessait de lui rappeler. « Je le prends comme un jeu, quelque chose de cool et de marrant, réagissait l’intéressé. Ça chambre, c’est mon père. Je lui dis : “Le jour où je te bats, je ne te parle plus !” »
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