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Au Liban, les prémices de l’après-Nasrallah sur la scène politique

Depuis son fief de Meerab, sur les hauteurs du mont Liban, le leader de la droite chrétienne, Samir Geagea, est parti, samedi 12 octobre, à l’offensive. Une bannière annonce le programme : « 1701. 1680. 1559 », le numéro des résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU qui appellent au rétablissement de la souveraineté du Liban et au désarmement du Hezbollah. Ce programme doit, pour le chef des Forces libanaises (FL), guider les pas du futur président, un poste vacant depuis près de deux ans. Un « président crédible », insiste M. Geagea, dont l’élection sans délai est la « seule option » pour parvenir à un cessez-le-feu entre le Hezbollah et Israël.
Ces revendications ne sont pas neuves, mais le leader chrétien estime son moment venu. La mort de son adversaire de toujours, Hassan Nasrallah, assassiné le 27 septembre dans une frappe israélienne, a eu l’effet d’un séisme sur la scène politique libanaise. Elle ouvre une brèche dans laquelle le chef des FL entend s’engouffrer. L’affaiblissement du Hezbollah, ultradominant jusque-là au Liban, fait naître l’espoir d’un rééquilibrage des rapports de force. « Nous ne voulons pas éliminer ou isoler le Hezbollah », précise M. Geagea, tout en ajoutant que le mouvement chiite « doit devenir un parti comme les autres ». L’appel lancé par le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, puis par le secrétaire d’Etat américain, Antony Blinken, aux Libanais à « s’affirmer » face au Hezbollah incite les FL à pousser leurs pions.
Il se dit que Washington, qui a fait du dossier présidentiel une priorité, soutient la candidature du général Joseph Aoun, commandant en chef des armées. Le sexagénaire ne cristallise aucun réel veto sur son nom. Dans les chancelleries, on salue « le sens politique » dont il fait preuve dans cette guerre et sur le dossier des déplacés. Mais cette candidature n’a pas les faveurs de Samir Geagea. A 71 ans, ce dernier assure ne pas penser à la présidence, vacante en raison des divergences au Parlement avec le Hezbollah. Mais son entourage est moins catégorique. « Il est naturellement candidat, ne serait-ce que parce qu’il a le plus grand groupe [chrétien) au Parlement », défend le député FL Pierre Bouassi.
Proche de l’Arabie saoudite et des Etats-Unis, M. Geagea représente « une candidature de défi » aux yeux de ses adversaires politiques, qui prônent, à l’image du président du Parlement, Nabih Berri, « un président de consensus ». A 86 ans, ce vieux loup de la politique libanaise est un homme « brisé », selon ses mots, par la mort de son compagnon de route de trente-trois ans, Hassan Nasrallah. Il est le seul leader à incarner désormais les intérêts de la communauté chiite, malmenée par la guerre et accablée par le déplacement.
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